Le département des Alpes-Maritimes multiplie les actions en faveur de la vaccination.
2022
Pour promouvoir la vaccination contre le papillomavirus, le Département déploie depuis 12 ans une campagne de sensibilisation innovante. La Semaine Européenne de la Vaccination a été une occasion de plus pour se mobiliser en proposant des consultations élargies aux familles dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI).
« Vacciner les nourrissons et les jeunes enfants fait partie de l’ADN des centres de Protection Maternelle et Infantile», explique le Dr Mai Ly Durant, chef de service départemental de PMI. « Participer à la Semaine Européenne de la Vaccination* pour sensibiliser un public plus large, c’est la suite logique de cette démarche », poursuit-elle.
Durant les semaines d’avril et de mai, 17 séances ont été organisées dans 10 centres de PMI du Département 06 pour proposer une consultation élargie à tous les membres des familles suivies (jeunes parents, autres enfants de la fratrie, déplacés ukrainiens...) « L’idée est d’utiliser la PMI, qui est un lieu connu, comme une porte d’entrée pour toucher un public plus large, vérifier le statut vaccinal et proposer un rattrapage si besoin », précisele Dr Mai Ly Durant.
La nouveauté cette année, c’est la mise en place de consultations hors les murs dans un foyer d’hébergement pour toucher les mineurs non accompagnés. Ces actions de proximité portent leurs fruits en permettant le rattrapage du retard vaccinal lié au confinement.
Une campagne spécifique pour la vaccination HPV
Chaque année en France, 6.400 nouveaux cas de cancers sont liés aux papillomavirus humains (HPV). Dans la majorité des cas, les cancers liés à l’infection par les HPV concernent le col de l’utérus (44 %), l’anus (24 %) et l’oropharynx (22 %). Si les cancers concernent en majorité les femmes, un quart touche les hommes.
Depuis 2010, le Conseil départemental des Alpes-Maritimes en partenariat avec le Conseil départemental de l’Ordre des médecins, le Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens, le syndicat des pharmaciens, la Caisse primaire d’assurance maladie, laMutualité sociale agricole, Harmonie Mutuelle, le Comité de la liguecontre le cancer, ont mis en place une campagne spécifique pour sensibiliser à la vaccination contre les papillomavirus. Il s’agit d’un courrier d’information personnalisé envoyé à toutes les familles ayant un adolescent âgé de 11 ans. En parallèle, un coup de pouce est prévu pour les familles sans complémentaire santé, avec la possibilité d’une prise en charge du ticket modérateur.
Cette action volontariste peut contribuer à l’augmentation de la couverture vaccinale dans le département de plus de 5%. Les Alpes-Maritimes occupent la première place en région pour les jeunes filles de 15 ans (schéma à 1 dose), avec un taux de couverture de 35,9%, contre 33,4% en région ; et la deuxième place pour les jeunes filles de 16 ans (schéma complet à 2 doses). Mais, comme pour les autres vaccinations, la région reste loin derrière la moyenne nationale : 33,4% contre 40,7% pour une dose à 15 ans.
Pour le Dr Alain Rebouillat, gynécologue-obstétricien et responsable de la section maternité, planification et santé des jeunes, « la vaccination HPV reste compliquée à promouvoir en consultation. Pour de nombreux parents, la sexualité de leur adolescent reste encore taboue et ils préfèrent fermer les yeux. Il faut du temps, de la pédagogie, de la réflexion ».
Le problème, c’est que le temps manque parfois. Car si le vaccin contre les papillomavirus prévient jusqu’à 90% des infections HPV à l’origine des cancers, il perd en efficacité dès le début de la vie sexuelle.
Auparavant réservé aux filles, la vaccination HPV est désormais recommandée à tous les garçons entre 11 et 14 ans. L’objectif de l’Institut national du cancer est que 80% d’une classe d’âge, garçons et filles, soit vaccinée contre le HPV à l’horizon 2030. « Mais sans une campagne de sensibilisation de grande ampleur sur le sujet, cela va être difficile à atteindre », prévient le Dr Rebouillat.