Virus de la poliomyélite détectés dans les eaux usées en Europe : Santé publique France reste en vigilance

Santé Publique France - 17 février 2025

Suite à la détection de poliovirus dérivés d’une souche vaccinale dans les eaux usées de zones métropolitaines densément peuplées de plusieurs pays européens où le virus de la poliomyélite ne circule plus, Santé publique France maintient sa vigilance face à cette situation inhabituelle.

Des poliovirus de type 2 (VDPV2) ont été trouvés dans les eaux usées de zones urbaines à forte densité de population, notamment en Pologne, Espagne, Allemagne, Finlande et Royaume-Uni. Bien que la circulation du virus de la poliomyélite ne soit plus active dans ces pays et qu'aucun cas de poliomyélite n'ait été rapporté, ces détections marquent une situation inhabituelle et préoccupante. Santé publique France suit l’évolution de la situation car ces événements témoignent d’un risque de réintroduction et de circulation toujours possible du virus sur le territoire européen tant que l’objectif mondial d’éradication ne sera pas atteint.

Que sait-on de la circulation des poliovirus en Europe actuellement ?

Ces derniers mois, des poliovirus dérivés de souches vaccinales de type 2 (VDPV2) ont été détectés dans des échantillons d’eaux usées collectés dans différentes villes d’Europe de 5 pays différents : Barcelone (Espagne), Varsovie et Rzeszów (Pologne), Tampere (Finlande) ainsi que plusieurs villes d’Allemagne et du Royaume-Uni.

Ces poliovirus sont génétiquement liés à une souche ayant émergé au Nigéria il y a plusieurs années et circulant principalement dans les pays de l'Afrique du Nord et de l'Ouest jusqu’en 2024. Si des détections ponctuelles peuvent être observées lors de programmes de surveillance des eaux usées, leur fréquence et étendue actuelles suggèrent un risque potentiel de transmission au sein de communautés insuffisamment vaccinées. À ce jour, aucune circulation locale n’a été confirmée, et aucun cas de paralysie n'a été observé. Selon les autorités internationale et européenne, l’hypothèse la plus probable de ces détections est celle d’introductions répétées des poliovirus à partir de régions où ce cVDPV2 circule actuellement.

Bien que le risque de diffusion en France reste faible, il est essentiel de maintenir une vigilance active et de prévenir l’apparition de foyers de transmission en cas de ré-introduction du virus sur le territoire grâce au rattrapage vaccinal dans les groupes de population non ou insuffisamment vaccinés. La HAS recommande pour les enfants migrants arrivant sur le territoire français d'effectuer un rappel avec un vaccin polio inactivé injectable trivalent, y compris s’ils ont été correctement vaccinés avec le vaccin oral et sans avoir reçu antérieurement de dose de vaccin polio inactivé injectable.

Un risque faible de poliovirus en France mais une vigilance à maintenir

En France, la surveillance des poliovirus dans les eaux usées s’est arrêtée en 2018 du fait de la rareté des détections de virus et d’une couverture vaccinale à 3 doses déjà très élevée et qui est désormais de 96% chez les nourrissons de 24 mois nés en 2020. Le programme de recherche de l’ANRS-MIE mis en place en 2023-2024 vise à préfigurer une reprise de la surveillance des poliovirus en routine sur le territoire français. Ces travaux encore en cours ont conduit à la détection de VDPV de type 3 en Guyane en 2024.

Les autorités sanitaires en France restent vigilantes quant au risque d’introduction et de diffusion de poliovirus dérivés de souches vaccinales lié à des personnes en provenance de pays dans lesquels le vaccin polio oral reste utilisé. Ce risque existe sur le territoire, comme l’a démontré récemment la mise en évidence de VDPV de type 3 circulant en Guyane, particulièrement dans des zones ou au sein de certains groupes de populations ayant un moindre recours au système de santé et accès la vaccination (migrants, populations défavorisées socialement, populations immigrées, etc..) au sein desquelles les couvertures vaccinales sont plus faibles. Ainsi, la priorité reste de maintenir un taux de vaccination élevé (>90 %) et homogène en réduisant les inégalités sociales et territoriales de santé afin de prévenir tout risque de résurgence de la maladie. En effet, il n’existe pas de traitement contre la poliomyélite. Les principales mesures reposent sur l’hygiène et la vaccination. [Résumé éditeur]

Date de modification : 21 février 2025

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