Un peu d’histoire.

Le mot « stigmatisation » vient du Grec ancien : stitzein : tatouer, marquer au fer rouge. Le « Stigma » fait référence à une marque physique d’identification et stigmatiser renvoie ainsi à l’action de blâmer de manière publique.

Ce terme est apparu dans l’Antiquité pour désigner la marque physique (brûlures, tatouages...) apposée sur la peau des esclaves, « afin que puisse être reconnu de tous l’opprobre, et l’ignominie de celui qui la porte ».

La stigmatisation semble avoir existé à tous les âges. Rappelons, cependant, que ces marques ont pu, un temps, revêtir un caractère glorifiant. Ainsi, dans le domaine religieux, les stigmates du Christ (marques des blessures du corp crucifié de Jésus Christ), qui apparaissaient chez certaines personnes (généralement dans la paume des mains et sur la plante des pieds) et qui indiquaient que ces personnes avaient mené une vie remarquable au plan spirituel et religieux, une vie sainte. Le stigmate étant alors un signe d’élection plutôt que d’éviction en conférant à cette personne une dimension sacrée en lien avec les saintes écritures.

Cependant cette notion a rapidement, et de façon quasi constante revêtu une dimension péjorative. Ainsi, dans la Grèce antique, les esclaves étaient tatoués, de façon très visible, pour qu’ils ne puissent pas s’échapper. Les criminels étaient également marqués au fer rouge. Les malades sont évités, enfermés, parfois mis à mort.

Au moyen âge, la maladie est une preuve de faiblesse morale et les malades sont cachés. En France, le « code noir » de 1685 acte le marquage des esclaves et en 1810, le code pénal prévoit le marquage sur l’épaule droite des condamnés pour que sa faute soit connue de tous.

Au 18éme siècle, la folie est associée à l’action du diable, au péché. Les malades font l’objet d’une condamnation morale. Ils sont enfermés, affamés, brutalisés.

Signe distinctif associé à la relégation, la notion de Stigma s’est progressivement imposée dans tous les domaines et toutes les catégories de population : bagnard, criminels, lépreux, homosexuels, malades mentaux.

Leur point commun : la non-conformité aux normes (physiques, vestimentaires, de comportements) du groupe social et le signe d’indignité qui l’accompagne.

La stigmatisation consiste en l’action de « marquer de manière définitive le corps de quelqu’un afin de laisser une cicatrice distinctive ».

Dans son utilisation contemporaine, ce terme décrit la mise à l’écart d’une personne pour ses différences qui sont considérées comme contraires aux normes de la société.

La stigmatisation ne se limite ainsi pas au seul champ de la médecine. Goffman identifie 3 domaines de stigmatisation : le premier vise les personnes ayant une manifestation physique ou des déformations externes visibles (cicatrice, infirmité physique, obésité) ; le deuxième concerne les personnes présentant des différences au niveau de leurs comportements (troubles mentaux, toxicomanie, alcoolisme, antécédents criminels) ; le troisième est en lien avec des caractéristiques concernant la nationalité, l’ethnie, la religion ou l’appartenance politique et qui seraient considérées comme étant hors des normes sociales locales.

Le Stigma est un attribut profondément disqualifiant, qui fait passer le sujet d’une personne complète et normale à une personne détériorée et diminuée, et qui finalement le réduit à ce label.

Date de modification : 1 juillet 2024

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