Conséquences de la stigmatisation

2024

Link et Phelan insistent sur les principales conséquences négatives de la stigmatisation. Ils retiennent en particulier :

  • La perte du statut social, avec une baisse du placement dans la hiérarchie des statuts.
  • L’effets de la discrimination structurelle : « not in my back yard » (NIMBY – pas dans mon jardin).
  • Les effets délétères de l’effort des gens pour faire face au stigmate : effort d’adaptation qui induit un coût important.

La personne est défavorisée, de façon persistante, dans un grand nombre de domaines de sa vie et ses réponses amènent à des effets négatifs (« préjudice concomitant ») liés à l’évitement ou au stress important pour faire face.

Les données probantes concernant les conséquences de la stigmatisation et de la discrimination (à partir de 1615 publications internationales) mettent en évidence des discriminations dans l’environnement proche (réactions négatives des familles et envers les familles, taux élevé d’itinérance, problèmes de voisinage et d’accès au logement) ; des discriminations en matière d’amitié, d’intimité et de parentalité avec risque d’isolement social ; des discriminations au travail (faible taux d’embauches, plus faible rémunération, peu de perspectives de promotion).

L’étude internationale INDIGO, menée dans 27 pays et concernant 732 personnes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie et répondant au questionnaire DISC, montre que :

Les situations de discriminations négatives vécues les plus fréquentes sont : (par ordre décroissant)

  • se faire ou conserver des amis
  • être rejeté par les proches (famille- voisins)
  • conserver un emploi
  • trouver un emploi
  • les relations intimes et sexuelles
  • Les discriminations positives expérimentées – vécues sont :
  • être traité différemment par sa famille
  • l’obtention de pension d’invalidité, d’allocation, d’aide sociale
  • l’accès à un logement
  • la prise en charge financière des soins médicaux

Néanmoins la discrimination positive vécue est rare (rapportée par moins de 10 % des personnes enquêtées).

Par ailleurs, une recherche portant sur des données probantes de la stigmatisation menée par l’association Canadienne de santé mentale, retient que :

Au sujet des soins

Environ 22 % des situations de stigmatisation rapportées par les usagers ou leur famille sont vécues lors de contacts avec les professionnels de santé.

Environ 50 % des cliniciens n’informent pas leurs patients du diagnostic, et parmi ceux qui le font, 15 % utilisent des termes vagues et évite le mot schizophrénie.

Seulement,2 % des professionnels de santé mentale ont confiance en la possibilité d’une rémission complète.

42 % des personnes aux prises avec un problème de santé mentale ne l’ont pas dit à leur famille de peur d’être jugé.

Avec l’environnement

La majorité des personnes enquêtées disent qu’il serait improbable qu’elles embauchent une personne atteinte d’une maladie mentale pour un poste ayant des responsabilités importantes (59 %) ou qu’elles établissent une relation conjugale avec l’une d’entre elles (55 %)

Pour le travail

Le tiers des personnes atteintes d’une maladie mentale disent s’être fait conseiller d’accepter des emplois subalternes, très inférieurs à leur degré de scolarité, à leur niveau d’intelligence et à leur formation.

De 80 à 90 % des personnes vivant avec une maladie mentale grave sont sans emploi, même si la plupart veulent travailler

En termes de conséquences de la stigmatisation, Il convient d’évoquer, tout particulièrement, deux aspects :

D’une part l’accès aux soins pour des problèmes de santé mentale. Une étude de l’institut de santé publique du Québec montre que les préjugés entourant la maladie mentale incitent près de 2/3 des personnes atteintes de maladies mentales à ne pas chercher l’aide dont elles ont tant besoin. De même, un travail de P. Mc Gorry montre que seulement 35 % des personnes atteintes de troubles mentaux vont consulter un professionnel de santé « Même là où les services de soins existent et sont accessibles », ce qui contribue à un allongement du délai de recours aux soins, une augmentation des arrêts de traitement et une diminution de l’adhésion au traitement.

D’autre part la prise en charge des problèmes de santé physique. Les personnes ayant des problèmes de santé mentale sont habituellement moins investiguées, moins souvent traités ou reçoivent des traitements moins invasifs et au final présentent une réduction de l’espérance de vie de l’ordre de 15 à 20 ans).

Date de modification : 28 mars 2024

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